Notre lutte contre la précarité énergétique
Echanges avec Brigitte Corinthios, Directrice de l'ALEC MVE
L'ALEC [Agence Locale de l'Energie et du Climat] travaille en collaboration avec LogisCité depuis plusieurs années. Diagnostics sociotechniques, collaboration sur un SLIME, débouchés pour les salariés en insertion : retour sur un partenariat à de multiples facettes.
Depuis quand l'ALEC MVE travaille avec LogisCité?
Ensemble pour l'Energie a commencé en 2018 mais il y avait déjà eu des premiers échanges avec LogisCité avant 2018. Lorsque nous avions mis en place les permanences à Montfermeil, le SLIME [sur la ville de Montfermeil] était déjà mis en place avec LogisCité. Mais même avant ça, on se connaissait comme structures car nous étions tous les deux lauréats de la formation lancée par le CLER, Réseau pour la transition énergétique, pour réaliser des Diagnostics Sociotechniques à domicile. Le vrai début opérationnel et technique - avec un cadre construit-, s'est amorcé avec Ensemble pour l'Energie en 2018.
Effectivement les deux structures travaillent conjointement sur Ensemble pour l'Energie, pouvez-vous nous expliquer cette collaboration ?
Ensemble pour l'Energie est un dispositif qui a été mis en place à l'échelle du territoire d'Est Ensemble, territoire adhérent de notre ALEC. Dans ce contexte, l'ALEC MVE a conçu et a travaillé sur un dispositif de lutte contre la précarité énergétique en collaboration avec le territoire. C'est un dispositif structurant de formations/actions des travailleurs sociaux pour les aider à repérer les ménages en situation de précarité énergétique. Et du côté des ménages, la mise en place d'une action de visite à domicile pour aller plus loin, comprendre leur situation, et être en capacité d'orienter si des besoins supplémentaires sont identifiés. L'ALEC n'étant pas un opérateur de visites à domicile, ce n'est pas notre rôle, la question s'est posée de comment combiner ces visites et travailler avec une structure pour pouvoir réaliser ces visites à domicile. C'est comme ça que nous nous sommes rencontrés avec Charles [Pénaud, Directeur de LogisCité], car à l'époque LogisCité avait un programme de financement par CEE [Certificats d'Economie d'Energies], qui s'appelait Ecorce, et les deux pouvaient être associés. Le dispositif s'est alors composé de la manière suivante : l'ALEC en tant qu'acteur dédié pour concevoir et animer la plateforme, LogisCité comme opérateur pour réaliser les visites. Nous avons associé Croix-Rouge Insertion - LogisCité aux comités de pilotage et aux comités techniques ainsi qu'aux instances d'échanges et de communication pour Ensemble pour l'Energie.
Il y a eu un deuxième niveau de collaboration avec Civigaz, l'année dernière sur Pantin et cette année sur Montreuil : Est Ensemble s'est engagé dans le dispositif Civigaz avec Grdf.
On voit bien que c'est un processus de collaboration qui s'est enrichi sur ces années, et un processus de confiance qui s'est établi entre nos deux structures.
Récemment vous avez pu recruter 2 salariés qui étaient en parcours d'insertion à LogisCité, est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi vous avez été amenée à créer ces postes et pourquoi cette démarche avec LogisCité ?
Dans le cadre du service public FAIRE et dans le cadre de notre développement territorial, on se retrouve aujourd'hui confronté à un fort développement de la demande : besoin de gérer beaucoup de demandes entrantes, beaucoup de sollicitations de la part des particuliers et donc un besoin de renforcer nos équipes.
Ainsi, je me suis posée la question de quel genre de profil et de connaissances nous avions besoin. Comme nous sommes beaucoup sollicités par téléphone, à l'accueil, et que ce sont des questions qui reviennent de manière très récurrentes sans être très techniques, je me suis dit que les premiers besoins de notre action de conseil ne nécessitaient pas forcément de s'appuyer sur des conseillers thermiciens mais plutôt de renforcer la notion d'accueil. On en a échangé avec l'équipe et on s'est dit que cela nous permettrait de soulager les conseillers techniques, et d'avoir plus de ressources en interne pour pré-qualifier une demande, l'orienter et lui apporter un premier niveau de réponse.
J'avais pu échanger en interne avec la personne qui travaille directement avec vous. Elle m'avait dit "à LogisCité, les salariés sont dans un parcours formation/insertion sur de la visite à domicile, ils se forgent une première expérience qui n'est pas forcément technique mais qui est liée au conseil aux particuliers. Si tu recrutes il y a des profils pertinents." J'ai donc engagé cette discussion avec Charles [Pénaud, directeur] pour mieux comprendre comment ça marche et ce qui était réalisable, il m'a expliqué toutes les possibilités : le travail sur une fiche de poste, le stage [PMSMP, Période de Mise en Situation en Milieu Profesionnel], ...
L'activité de conseil FAIRE et d'accompagnement des projets de rénovation énergétique est désormais financée en partie par le programme de financement par CEE, le programme SARE [Service d'Accompagnement pour la Rénovation Energétique] porté par la Métropole du Grand Paris. Ce programme définit, entre autres, le premier niveau de conseil par des actes d'accueil et d'information. Ca a convergé parfaitement avec l'intuition que j'avais et c'est là que nous nous sommes lancés.
Au démarrage nous n'avions pas de fiche de poste. Puis j'ai demandé aux conseillers d'imaginer quelles seraient les missions et les tâches dédiées à ces conseillers Accueil et Information. J'ai échangé avec Caroline [Ferrero, coordinatrice de LogisCité], puis nous avions la possibilité de recourir au stage d'observation [PMSMP] qui est une bonne chose, cela permet aussi de voir les personnes, de sentir les motivations et les envies. La suite vous la connaissez.
Pour ma part, je suis très contente de ça, si on arrive à bien faire prendre la greffe, en leur faisant comprendre qu'il faut être patient, qu'on apprend et s'adapte aussi, ça marchera.
De notre côté, on doit construire aussi tout ce process d'intégration légèrement différent de ce que l'on avait connu jusqu'à présent. Ca va leur permettre d'acquérir de nouvelles compétences, plus techniques, plus en lien avec l'ALEC.
Comment s'est déroulé le recrutement ?
L'année 2020 et le confinement ont décalé tout notre recrutement.
Nous avions eu des candidatures et reçu les candidates en stage d'observation. Malheureusement, le second confinement nous a conduit à réduire le temps d'observation.
Après le stage, les deux candidates étaient sur le point de retirer leur candidature. Elles avaient eu très peur après le stage. Mais, travaillant avec vous, je savais tout ce qu'elles connaissaient : les outils, les visites à domicile, les notions de maitrise de l'énergie. Elles ne se rendaient pas compte de leurs compétences, elles n'avaient pas assez confiance en elles.
Je les ai quand même vues en entretien, j'ai pris le temps de leur expliquer le poste, et de leur expliquer que c'était à leur niveau, qu'elles allaient beaucoup travailler sur la notion de l'accueil, de la réponse aux ménages. Ce qu'on attend d'elles, c'est le sens de l'accueil et non les connaissances techniques : des particuliers accueillis, entendus, et qui savent qu'on prend en compte leur demande.
J'ai vraiment envie qu'elles se sentent bien et que ça marche. Tout le monde est très content de leur arrivée. C'est l'esprit de l'ALEC : l'équipe de conseillers et plus largement toute l'équipe prend le temps avec elles. Les conseillers savent que ce temps-là sera du plus pour eux, quand elles seront totalement formées au poste. On a vraiment confiance dans leur arrivée.
Je pense que c'est toute la fondation des valeurs et des échanges de notre partenariat qui fait qu'on arrive à cela aujourd'hui.
Interview réalisée le 10/02/2021
L'Agence Locale de l'Energie et du Climat MVE est un outil au service du développement durable de son territoire.
Ses missions sont :
1. L'information, la sensibilisation et le conseil sur la maitrise de l'énergie à destination du grand public et du jeune public, en tant que membre du réseau FAIRE.
2. L'expertise-conseil en énergie et l'assistance en direction des collectivités locales adhérentes et des acteurs locaux.
3. L'animation du territoire en direction des acteurs du territoire.